La légende de l’Ours qui portait la lumière des saisons
Cette légende raconte l’histoire d’un Ours-Gardien qui marche entre les mondes pour apporter la lumière, le mouvement et le rythme des saisons à la terre. Par sa force et sa sagesse, il réveille la vie, dissipe les ténèbres et rappelle à chacun que chaque fin cache le début d’un nouveau cycle.
L’Ours avant le temps
Il fut une époque où la terre ne connaissait pas encore le passage des saisons. Nulle neige ne tombait, nulle chaleur ne montait. Le monde demeurait immobile, comme figé dans un souffle unique. Les rivières coulaient sans élan, les arbres n’apprenaient jamais à perdre leurs feuilles et les nuits ressemblaient aux jours, sans promesse de renouveau.
Dans ce monde silencieux, un être immense parcourait la terre : l’Ours qui porte la lumière des saisons. Son pelage oscillait entre l’or du soleil et l’ombre des cavernes profondes. Sa force façonnait les montagnes, son pas creusait les vallées et son souffle réchauffait les pierres froides.
Mais malgré sa puissance, il ressentait un manque, un vide qui ne se comblait jamais.
L’Ours voyait les humains et les animaux vivre au sein d’un monde sans cycles. Rien ne naissait vraiment. Rien ne mourait vraiment. Rien ne changeait.
La quête de la lumière
Un soir, alors que le ciel n’avait pas encore appris à se colorer, l’Ours leva les yeux vers la voûte céleste. Il y aperçut une braise minuscule, presque invisible, portée par un vent ancien venu du monde des esprits. Cette braise scintillait faiblement, comme si elle hésitait à exister.
L’Ours comprit aussitôt qu’elle représentait la lumière qui manquait au monde.
Il se dressa alors de toute sa hauteur et entreprit un voyage vers les hauteurs du ciel, un voyage que nulle autre créature n’aurait pu accomplir.
Il traversa les forêts comme une bourrasque de force tranquille, franchit les montagnes en un seul élan, marcha au-dessus des nuages jusqu’à atteindre la braise fragile qui dansait seule dans l’obscurité.
La naissance des saisons
L’Ours recueillit la braise dans ses pattes massives. Elle ne brûlait pas sa peau : elle brûlait son esprit.
Il comprit que s’il soufflait dessus, la lumière pourrait se répandre.
Alors il inspira, puis libéra un souffle profond chargé de mille siècles de patience et de sagesse.
La braise éclata en une pluie d’étincelles, qui tombèrent sur la terre comme des graines de lumière.
Chaque étincelle devint une aurore.
Chaque aurore donna naissance à un cycle.
Chaque cycle devint une saison.
L’hiver s’installa pour que la terre apprenne le repos.
Le printemps arriva pour que le monde recommence.
L’été ouvrit les bras pour célébrer l’abondance.
L’automne couvrit la nature de couleurs pour préparer ce qui doit revenir.
L’Ours, gardien du renouvellement
Lorsque l’Ours redescendit sur terre, elle n’était plus la même. Les rivières bondissaient, les arbres respiraient, les animaux renaissaient et les humains apprirent enfin que tout vient, tout passe et tout recommence.
L’Ours n’avait pas seulement apporté la lumière : il avait offert la possibilité du changement.
Les anciens disent que lorsque les aurores boréales se déploient dans le ciel, ce sont les braises de la lumière ancienne qui continuent de tomber, rappelant à la terre le cadeau de l’Ours.
Ils disent aussi que lorsque quelqu’un traverse une période sombre, il suffit parfois de lever les yeux vers le ciel pour sentir la présence de l’Ours. Son souffle n’a jamais cessé. Sa lumière non plus.