La légende de la Terre qui choisit ses gardiens

On raconte que la Terre ne confie jamais son savoir à ceux qui veulent la posséder. Elle le confie seulement à ceux qui sont prêts à la protéger.

Au commencement

Au commencement, la Terre observait. Elle voyait les océans apprendre à respirer. Elle voyait les montagnes naître dans le silence. Elle voyait les animaux marcher sans jamais prendre plus que ce dont ils avaient besoin.

Puis l’humain arriva.

Au début, il marchait doucement. Il remerciait avant de cueillir. Il écoutait avant de parler. Il savait que chaque geste laissait une trace.

Le déséquilibre

Avec le temps, quelque chose se perdit.

La Terre sentit le déséquilibre. Non pas la colère. Mais l’oubli.

L’oubli que le sol nourrit. L’oubli que l’eau soigne. L’oubli que le vent transporte les messages. L’oubli que tout est relié.

Le choix de la Terre

Alors la Terre fit ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant. Elle décida de choisir.

Elle n’appela ni les plus forts, ni les plus riches, ni les plus bruyants.

Elle appela ceux qui savaient encore s’arrêter.

Ceux qui ressentaient le besoin de toucher le sol. Ceux qui levaient les yeux vers le ciel sans exiger de réponse immédiate. Ceux qui sentaient, au fond d’eux, que le monde n’est pas un objet… mais une relation.

À ces personnes, la Terre murmura :

« Tu n’es pas ici pour me contrôler. Tu es ici pour te souvenir. »

Le serment invisible

Ceux qui entendirent cet appel ne reçurent ni pouvoir ni domination. Ils reçurent une responsabilité.

Celle de protéger ce qui ne peut pas parler. De respecter ce qui nourrit sans demander. De transmettre ce qui ne doit jamais être oublié.

Les anciens disent que ces gardiens existent encore. Ils ne portent aucun titre. Ils ne cherchent aucune reconnaissance.

On les reconnaît autrement.

Ils créent avec leurs mains. Ils honorent les matières naturelles. Ils écoutent avant d’agir. Ils savent que chaque objet peut porter une intention.

Ce que dit encore la légende

Lorsque quelqu’un ressent soudain le besoin de revenir à quelque chose de vrai, de simple, de profondément enraciné…

Ce n’est pas une mode. Ce n’est pas un hasard.

C’est la Terre qui rappelle doucement :

« Tu fais partie de moi. Et j’ai encore besoin de toi. »