Les gardiens des forêts en hiver - Légende autochtone

Les gardiens des forêts en hiver - Légende autochtone

Lorsque l’hiver s’installe et que les flocons tombent doucement du ciel, les forêts semblent entrer dans un profond sommeil. Mais dans le silence glacé, des esprits anciens veillent : ce sont les gardiens des forêts.

On raconte qu’à chaque hiver, lorsque le vent souffle entre les branches nues et que le sol est recouvert d’un tapis blanc immaculé, les gardiens se réveillent. Invisibles aux yeux des humains, ces esprits ancestraux prennent soin des forêts et de tous leurs habitants. Ils assurent que l’équilibre naturel soit respecté jusqu’au retour du printemps.

Un soir d’hiver, un jeune garçon nommé Etu partit dans la forêt à la recherche de bois pour le feu. La lune, haute et brillante, illuminait son chemin, mais tout autour de lui, le monde semblait endormi. Les arbres, figés sous leur manteau de neige, murmuraient doucement dans la langue du vent. Etu connaissait bien les histoires des anciens, celles qui parlaient des gardiens des forêts. On disait que ces esprits prenaient des formes différentes : parfois des ombres entre les arbres, parfois des animaux aux yeux brillants.

Soudain, alors qu’il s’agenouillait pour ramasser une branche, Etu sentit un souffle froid sur sa joue. Il leva la tête et vit une silhouette au loin, un grand cerf au pelage blanc comme la neige. Ses bois scintillaient sous la lumière de la lune, et ses yeux semblaient emplis de sagesse ancienne. Etu comprit qu’il se trouvait en présence d’un gardien des forêts.

Le cerf s’avança silencieusement, puis s’immobilisa. Son regard semblait dire : « Prends seulement ce dont tu as besoin. La forêt donne, mais elle doit aussi se reposer. » Etu inclina la tête en signe de respect et murmura : « Je n’oublierai pas, gardien. Je ne prendrai que ce qu’il faut pour réchauffer ma famille. »

À cet instant, une légère brise secoua les branches des arbres, comme si la forêt elle-même répondait au garçon. Le cerf tourna lentement les talons et disparut dans la nuit, ne laissant derrière lui que des empreintes dans la neige fraîche.

De retour au village, Etu raconta son histoire aux anciens. Son grand-père hocha la tête et dit : « Les gardiens des forêts nous rappellent que nous devons honorer ce que la nature nous offre. L’hiver est un temps de repos, pas de pillage. Respecte les forêts, et elles te nourriront toujours. »

Depuis ce jour, chaque fois qu’un chasseur ou un cueilleur entrait dans la forêt en hiver, il laissait une petite offrande — une prière, un morceau de nourriture, ou quelques brins de tabac — pour remercier les gardiens invisibles qui veillent dans les ombres.

On dit que ceux qui respectent ces esprits trouvent toujours ce dont ils ont besoin, tandis que ceux qui prennent plus qu’il ne faut se perdent dans les bois ou rentrent les mains vides.

Ainsi, encore aujourd’hui, lorsque l’on marche dans une forêt endormie sous la neige, il suffit d’écouter le silence. Peut-être entendrez-vous les murmures des gardiens, rappelant à chacun l’importance de l’équilibre, du respect et de la gratitude envers la nature.

Sources et références :

  • Hébert, M. (2020). Légendes et récits des Premières Nations. Éditions Hannenorak.
  • Transmissions orales recueillies auprès des aînés des Premières Nations.
  • Dumont, R. (2018). Les savoirs sacrés des peuples autochtones. Montréal : Écosociété.
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