La légende du grand-duc, l'oiseau de l'écho et de la solitude

Au temps des premiers peuples, vivait le grand-duc, un hibou aux ailes magnifiques et au cri si fort qu'il dominait le vent et le tonnerre. le grand-duc était fier de ce pouvoir et l'utilisait pour couvrir la voix des autres animaux lors des conseils, persuadé que sa vérité était la seule qui comptait. le renard ne pouvait raconter ses ruses, le castor ne pouvait partager ses leçons de construction, tout était noyé sous le hou-hou arrogant du grand-duc.
Le grand esprit, lassé par ce tumulte où la sagesse ne pouvait s'exprimer, décida qu'il était temps pour le grand-duc d'apprendre la valeur du silence. il l'enleva et le déposa sur le pic de la plus haute montagne, là où l'air est si froid et si mince qu'il coupe la gorge.
Le grand-duc, seul, tenta de lancer son cri. l'air gelé étouffa sa voix, et le vent glacé souffla ses plumes. lorsqu'il parvint enfin à émettre un son, il ne fut pas suivi d'autres voix, mais d'un écho clair, froid et parfaitement identique au sien, rebondissant sur les roches enneigées.
Jour après jour, il cria sa colère, sa peur, sa solitude. chaque fois, la montagne lui renvoyait sa propre voix. il réalisa alors qu'il n'entendait rien de nouveau, que ses paroles ne portaient aucune sagesse, mais seulement l'écho de ce qu'il portait déjà en lui. il comprit qu'en couvrant les autres, il s'était lui-même empêché de grandir.
Une nuit, sous le ciel étoilé où dansaient les esprits des aurores boréales, le grand-duc ne cria plus. il écouta le silence de la montagne, et dans ce silence, il entendit pour la première fois les chuchotements de la roche et le chant des étoiles.
Enfin humble, il lança un appel doux, rempli d'une question sincère. cette fois, l'écho revint, mais il était différent : plus riche, plus profond, teinté de la sagesse des cieux et de l'humilité du silence.
Le grand esprit permit alors au grand-duc de redescendre, mais lui donna des yeux pour voir dans la nuit, car la vraie sagesse est souvent révélée dans l'obscurité, là où l'on est seul avec soi-même. son cri, désormais, n'est plus un cri d'orgueil, mais un rappel aux humains : pour trouver la vérité, retirez-vous sur la montagne de votre cœur et écoutez l'écho de votre propre âme.