
#JesuisCatherine – une voix forte contre l’appropriation des cultures autochtones
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Quand l’appropriation culturelle devient une violence spirituelle
Depuis des années, des individus non-Autochtones utilisent à leur avantage des éléments sacrés issus des cultures autochtones, en prétendant avoir été « choisis » ou « appelés » par des esprits qu’ils ne comprennent pas. Cette récupération des symboles spirituels, des chants, du tambour ou des vêtements traditionnels s’appelle l’appropriation culturelle. Et elle constitue une forme de vol. Un vol d’identité, de mémoire, de territoire et de pouvoir spirituel.
Le cas de Tambour Uni-Son et « La Métisse »
Des groupes comme Tambour Uni-Son, composés principalement de personnes non-Autochtones, organisent des cercles, des chants et des rituels inspirés de traditions autochtones. Sans lien direct avec une Nation, sans protocole, sans approbation communautaire, ces pratiques deviennent de la mise en scène spirituelle. C’est de l’usurpation.
Sous couvert d’« unité » et de « guérison », Tambour Uni-Son reproduit une dynamique coloniale : celle de s’approprier ce qui ne nous appartient pas, puis de l’exploiter. Le tambour n’est pas un simple instrument. Il est un lien sacré entre la Terre-Mère et les peuples autochtones. Il est transmis selon des protocoles stricts, avec la guidance des aînés et l’aval de la communauté.
Cette problématique ne se limite pas à Tambour Uni-Son. D’autres groupes au Québec proposent des ateliers de fabrication de tambours sans légitimité autochtone, suscitant des critiques pour appropriation culturelle. Par exemple, un atelier prévu à Roberval a été dénoncé par des membres des communautés autochtones, dont la poète innue Joséphine Bacon, qui a souligné que le tambour est un élément sacré devant être offert ou reçu dans un rêve, et non fabriqué dans un cadre commercial.
De tels ateliers, souvent animés par des personnes non autochtones, sont perçus comme une forme de « culture fast-food », vidant les pratiques spirituelles de leur signification profonde et entravant les efforts des peuples autochtones pour se réapproprier leur culture.
Isabelle Falardeau : une revendication d’identité sans fondement
Isabelle Falardeau, connue sous le nom de « La Métisse » ou « Kun-Nipiu Falardeau », est une auteure québécoise ayant publié plusieurs ouvrages sur les usages autochtones des plantes médicinales du Québec. Bien qu’elle s’identifie comme métisse, les informations disponibles ne précisent pas son appartenance à une nation autochtone reconnue. Cette auto-identification sans reconnaissance officielle soulève des préoccupations quant à la légitimité de ses revendications culturelles. Catherine Boivin : une voix forte contre l’appropriation culturelle
Catherine Boivin, artiste atikamekw de Wemotaci, souligne que l’appropriation culturelle prive les peuples autochtones de leur droit à la réappropriation et à la préservation de leur culture dans son intégrité.
Depuis plus d’un an, elle présente sa conférence L’appréciation culturelle : afin de mieux apprécier sans approprier à travers le Québec. Elle insiste sur l’importance du consentement, soulignant que même les actions motivées par l’amour peuvent nuire si elles ne respectent pas les limites culturelles. Elle met également en garde contre le sentiment d’entitlement, qu’elle décrit comme le syndrome du « j’ai le droit ».
Catherine Boivin précise qu’elle parle en tant qu’Autochtone vivant au Québec et que ses propos sont ancrés dans l’histoire et les réalités des communautés autochtones. Elle rappelle que, au Canada, les peuples autochtones sont en pleine réappropriation de leur culture, qu’ils ont été dépouillés, et que des personnes non autochtones se sont enrichies en commercialisant cette culture, la déformant et renforçant des stéréotypes négatifs.
#Jesuiscatherine
Le mouvement #JeSuisCatherine a émergé en réponse à une poursuite en diffamation intentée par Isabelle Falardeau, dite « La Métisse », contre Catherine Boivin, une artiste atikamekw de Wemotaci. Cette action judiciaire fait suite à la dénonciation publique par Catherine Boivin de l’auto-identification et de la commercialisation des savoirs autochtones, notamment par des personnes non-autochtones s’appropriant des éléments culturels sans légitimité. La poursuite vise à faire taire une voix autochtone qui défend l’intégrité des savoirs et des identités autochtones. Face à cette situation, un mouvement de solidarité s’est formé sous le hashtag #JeSuisCatherine, exprimant un soutien massif à Catherine Boivin et à sa lutte contre l’appropriation culturelle.
Ce mouvement a également donné lieu à une collecte de fonds sur la plateforme GoFundMe, visant à soutenir Catherine Boivin dans sa défense juridique. Plus de 25 000 $ ont été recueillis grâce à la générosité de 480 donateurs, soulignant l’ampleur de la mobilisation et l’importance de cette cause pour les communautés autochtones et leurs alliés.
Le hashtag #JeSuisCatherine symbolise ainsi une prise de position collective contre l’appropriation culturelle et pour le respect des droits et de la dignité des peuples autochtones.
Ce n’est pas de la spiritualité : c’est de l’appropriation
Il est crucial de faire la différence entre une démarche de soutien aux cultures autochtones et une tentative d’en tirer un bénéfice personnel, affectif ou financier. Se vêtir de plumes, fabriquer des tambours, chanter des sons « inspirés » et guider des cercles de parole en prétendant incarner une sagesse autochtone, c’est mentir. C’est prendre la place de celles et ceux qui, depuis toujours, luttent pour garder vivante une spiritualité que le colonialisme a tenté d’effacer.
L’appropriation culturelle n’est pas de l’admiration
Il est crucial de comprendre que l’appropriation culturelle n’a rien d’un hommage. C’est un acte de domination. C’est le prolongement du colonialisme par d’autres moyens. Ce n’est pas parce qu’une personne ressent un appel « spirituel » qu’elle peut revendiquer des symboles sacrés d’une culture qu’elle n’a jamais vécue de l’intérieur.
L’admiration sincère, elle, passe par le respect, l’écoute, l’alliance. Cela signifie donner la parole aux aînés, rémunérer les artistes autochtones, soutenir les porteurs légitimes du savoir, et surtout, savoir reconnaître que certaines choses ne nous appartiennent pas et ne nous appartiendront jamais.
Ce que vous pouvez faire
• Refusez les ateliers de tambour animés par des non-Autochtones sans autorisation traditionnelle.
• Ne vous laissez pas séduire par les discours mystiques de personnes qui s’inventent une identité spirituelle autochtone.
• Soutenez les artistes autochtones comme Catherine Boivin, qui parlent vrai, et qui travaillent à la transmission légitime de leur culture.
• Apprenez à faire la différence entre une démarche authentique… et une récupération opportuniste.
Sources et références
– Performances et déclarations publiques de Catherine Boivin
– Témoignages d’aînés atikamekw sur la transmission du tambour
– Recherches sur l’appropriation culturelle publiées par Femmes Autochtones du Québec
– Communiqués des Nations autochtones du Québec sur les cérémonies sacrées
1 comentario
Kwe Catherine! Magnifique combat et quelle fierté tu nous offres à nous et à toutes les Premières Nations.